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SE BATTRE JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE POUR LA LIBERATION DU KONGO
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3 février 2010

Et si Vital Kamerhe ne jouait qu’un rôle ?

Et si Vital Kamerhe ne jouait qu’un rôle ?



Vital Kamerhe, ex-président de l’Assemblée nationale. Photo d’archives

Dans les états-majors politiques en RDC, sa candidature à la magistrature est de plus en plus envisagée. Il apparait comme une alternative sérieuse à Jean-Pierre Bemba, comme le seul qui puisse tenir tête au président Kabila en 2011, tout auréolé qu’il est d’une nouvelle stature d’opposant, depuis son éviction du perchoir de l’Assemblée Nationale. Mais, demandons-nous : Et si son opposition apparente n’était que stratégie? Et si l’homme roulait toujours pour celui qui l’a fait roi ? Dans le monde, en Afrique, en RDC, cela s’est déjà vécu…

Depuis son éviction du perchoir de l’Assemblée nationale congolaise, dans des circonstances qui ont fait couler autant d’encre que de salive, Vital Kamerhe se fait plus que rare. Nul ne sait comment il meuble son temps, son fauteuil à l’Assemblée Nationale restant désespérément vide. Les spéculations vont dans tous les sens : l’homme qui a été au centre de la vie politique nationale de ces treize dernières années, au point d’être surnommé «Le pacificateur», ne peut pas disparaitre de la scène politique congolaise comme cela.

Et voilà que «Jeune Afrique» annonce que l’homme est retourné aux études, après un repos mérité, en Afrique du Sud ; qu’il prépare une tournée des conférences au Canada ; qu’il met la dernière main à deux ouvrages sur l’histoire politique récente du pays et la problématique de la paix dans la région des Grands lacs, ouvrages qui pourraient être le prélude à un programme politique en vue des élections de 2011. Dans les états-majors des partis politiques, les calculs incluent désormais la possible candidature du député de Bukavu à la magistrature suprême.

D’ailleurs, qui, mieux que lui, peut espérer fédérer autour de sa candidature toutes les couches sociales (l’homme est solidement apprécié des étudiants, des intellectuels, des artistes, etc.), toutes les provinces (l’homme maîtrise parfaitement toutes les langues nationales de la RDC), les plus des structures politiques congolaises (son courant politique se veut centriste, donc fédérateur) ? Pour beaucoup d’observateurs de la scène politique congolaise, l’ancien Commissaire général du gouvernement chargé du suivi du processus de paix dans la région des Grands Lacs est une alternative sérieuse à Jean-Pierre Bemba Gombo, disqualifié par son procès devant la CPI. Face au président Kabila, pas de véritables challengers en 2011. Car, on le sait, face au président Kabila, il n’y aura pas de véritables challengers aux présidentielles de 2011.

Les 33 candidats aux présidentielles de 2006 ne reviendront pas tous en 2011. Les médiocres scores récoltés freineront leurs ardeurs. En plus, la perte de la caution de 50.000$, que certains espéraient pouvoir rentabiliser contre un soutien au président Kabila au second tour, n’a pas fini de faire ses ravages dans les finances de certains d’entre eux. Ceux qui oseront peut-être, notamment ceux qui
ont obtenu, au premier tour du scrutin, au moins 1% des suffrages2, partagent avec le président actuel la responsabilité du passif de son bilan (vous étiez là, qu’avez-vous fait ?, leur demandera-t-on), sans pour autant se prévaloir de l’actif du même bilan (ce qui a été fait l’a été sans vous, leur rappellera-t-on). Pourraient sortir du lot Oscar Kashala, Azarias Ruberwa et de Jean-Pierre Bemba. Le premier, qui a séduit parce que «homo novus», a fini par décevoir du fait de son désintérêt apparent du sort quotidien des congolais, étant retourné à son luxe américain aux lendemains des élections. Il apparaît comme un aigle qui, vivant dans les cimes, ne consent à descendre sur terre, au niveau du peuple, que pour quémander ses suffrages. La sanction, à son encontre en 2011, s’il se présentait, risque d’être cinglante. Le deuxième, peinant à choisir son camp (Mouvance présidentielle ou opposition), doit encore régler des problèmes internes à son parti, le RCD, avant d’espérer remporter les présidentielles de 2011. Le troisième, affaibli par son procès devant la CPI, a toutes les chances de séjourner encore à La Haye pendant que se dérouleront les élections de 2011.

Vital Kamerhe, troisième voie ?

Le seul outsider qui pourrait sortir du lot au milieu des nombreux candidats attendus aux présidentielles de 2011, c’est bien Vital Kamerhe. En effet, bien qu’astreint au devoir de réserve, l’homme est le seul à s’être opposé ouvertement au président de la République sur un sujet aussi sensible que la problématique de la pacification de la partie Est du pays. Il a ainsi payé de son fauteuil de président de l’Assemblée nationale, ce crime de lèse-majesté. De ce long bras de fer, qui aura tenu en haleine la classe politique congolaise durant de longues semaines, l’homme en est sorti tout auréolé d’une nouvelle stature d’opposant. L’opposition congolaise étant en mal de leadership (voilà plus de trois ans qu’elle n’arrive pas à se mettre d’accord sur le choix d’un porte-parole), Vital Kamerhe est de plus en plus considéré comme la «troisième voie» (l’expression a une histoire dans le vocabulaire politique de la RDC). Déjà, des groupes de soutien se mettent en place…

Et si ?...

Mais, une question reste en suspens dans certains esprits avertis : Et si Vital Kamerhe ne jouait qu’un rôle ? Et si sa séparation affichée d’avec le camp présidentiel n’était que feinte ? Et si sa possible candidature aux présidentielles de 2011 n’était que tactique pour crédibiliser davantage la victoire de celui qui l’a fait roi ? Parce que vaincre sans périls, c’est triompher sans gloire, se créer un opposant, irréductible en apparence, mais servile en réalité, n’est-il pas que stratégie?

Alfredo STROESSNER, qui a conquis le pouvoir au Paraguay le 4 mai 1954, a su se créer une opposition à sa solde durant ses années de pouvoir. En effet, il s’est «fait réélire huit fois, face à des candidats d’opposition fantoches, parvenant à se maintenir à la tête du Paraguay pendant presque 35 ans. Suivant la formule du président Sassou Nguesso : «on n’organise pas les élections pour les perdre», plusieurs chefs d’Etat ont recours à des oppositions fantoches pour pérenniser leurs règnes. Sous le prétexte de la liberté politique, écrit Siéwé SEGNOU, «les régimes en place (créent) des partis politiques fantoches dans le dessein de diviser l’opposition pour mieux régner.» L’histoire politique mondiale nous offre plusieurs de ces cas en exemples. Plus proche de nous, le couple Mobutu-Tshisekedi nous offre également une belle illustration.

A la mise sur pied du collège des commissaires généraux en septembre 1960, à la suite de la neutralisation, décidée par le premier (Mobutu), du président Kasa-Vubu et du Premier ministre Lumumba, le second (Tshisekedi) devint Commissaire général adjoint à la Justice. Depuis, leurs parcours seront intimement liés, jusqu’à la nomination par le premier de Nzondomyo Adokpelingo au poste de président de l’Assemblée nationale, en remplacement de Kalume, décédé, en lieu et place de son successeur légal, E. Tshisekedi. S’en suivra la lettre des 13 parlementaires du 1 novembre 1980, acte fondateur de l’UDPS. A la démocratisation du pays en 1990, c’est tout naturellement vers le second que se tourneront les espoirs de tout un peuple, réuni en Conférence Nationale Souveraine. Mais jamais, Etienne Tshisekedi, n’aura eu le courage de donner l’estocade finale à «son frère», donnant l’impression de se complaire dans le rôle (lui attribué ?) d’opposant radical, plutôt que de s’illustrer dans la gestion orthodoxe de la chose publique. Ces volte-faces spectaculaires l’ont fait surnommer «Opposant de carrière» par la population congolaise. Colette Braeckman écrira fort à propos d’ailleurs : «pour un nombre croissant d’opposants, ainsi que pour les dirigeants de l’Alliance (entendez AFDL du président Laurent Désiré Kabila), M. Tshisekedi, malgré son courage personnel, apparaissait finalement plus comme le revers de la médaille mobutiste que comme un réel recours. Notons que la disparition du premier a, quoi que ses partisans en pensent, sonné le glas de la carrière politique du second.

Wait…and see !

L’histoire se répétera-t-il ? Vital Kamerhe ne sera-t-il finalement qu’un faire-valoir pour le président Kabila, comme le fut E.Tshisekedi pour le président Mobutu? Il est certes vrai que comparaison n’est pas raison. Mais comme elle est leçon, attendons et voyons ! Toutefois, il convient de ne pas oublier qu’avec des si… on mettrait Paris en bouteille.

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