Chaque jour et pendant 50 jours, replongez-vous dans nos archives du Congo avec un guide exceptionnel : Frédéric François, qui a suivi de près, comme journaliste, la petite et la grande histoire du Congo et du Zaïre. Après avoir éliminé ses rivaux potentiels : Tshombé, Kasavubu, Mulele, il ne reste plus qu’un danger pour Mobutu : les mercenaires qui sont rentrés en 1964 avec Tshombé, de même que les gendarmes katangais.

Ceux-ci  se sentent menacés ; ils ont appris que Mobutu avaient l'intention d'en finir avec eux et avec les katangais. Début juillet 1968, les mercenaires auxquels se sont joints les anciens gendarmes katangais, se lancent à l'attaque de Stanleyville, commandés par le colonel Jean Schramme, un Belge, ancien planteur du Maniema, rallié à la sécession tshombiste dès la première heure et qui, lors de la reddition de Tshombé, avait fui en Angola pour rentrer au Congo en 1964. Il ne se considérait pas comme un vulgaire mercenaire mais comme un de ces africains-blancs de la Rhodésie de Jan Smiths.

Ses hommes attaquent à la fois Stanleyville, Kindu et Bukavu . Les trois villes tombent entre leurs mains mais aux prix de lourdes pertes. Les renforts et le soutien logistique promis faisant défaut- Tshombé vient d'être kidnappé et emprisonné en Algérie- ils sont contraints de se replier de Stanleyville dès le 12 juillet.

Tous les hommes de Schramme se replient ensemble vers Bukavu où,  début novembre, après une défense acharnée, ils passent la Ruzizi pour se réfugier  au Ruanda d'où ils seront rapatriés dans leur pays respectifs.

Cet épisode semble prouver que Mobutu a réussi à réorganiser son armée. A moins que, pour une fois,  les soldes aient été payées. Mobutu est d'autant mieux assis au pouvoir qu'il a atteint son objectif : gouverner sans opposition.  Surfant sur la vague de lassitude de la population après des années de chaos et de politique politicienne, il a "mis de l'ordre" et créé son parti, le MPR (Mouvement populaire de la révolution) dont il est à la fois le fondateur et le guide.

Il a lancé l'authenticité qui se veut plus humaniste que la "négritude" de Léopold Senghor. Du coup, tout le monde a dû abandonner les prénoms latins, le Congo est devenu Zaïre (retour non aux ancêtres africains mais aux colonisateurs portugais !), comme le fleuve et comme la monnaie