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SE BATTRE JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE POUR LA LIBERATION DU KONGO
SE BATTRE  JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE POUR LA LIBERATION DU KONGO
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8 mai 2010

La nation en danger

Frustration des députés du Sud-Kivu. Déclaration fracassante des députés provinciaux de l’Ituri d’ériger leur district en province. Grève des professeurs de l’UNIKIN. Disparition des salaires des enseignants de Kamina. Insécurité recrudescent au Nord-Kivu et dans les Uélé. Pluie de questions orales avec débat à l’Assemblée nationale et au Sénat. Rapports de plus en plus négatifs des organisations internationales sur la RDC. Autant de faits qui interpellent. Comme si le pays allait à la déroute. Attention !

Selon des informations en notre possession, une femme a été assassinée la semaine dernière à Kiwanja, dans le Nord-Kivu. Elle répondrait au nom de Kanyere, veuve de son état. Elle était aux champs lorsque des personnes en uniforme l’ont agressée, tenté de la violer. Mais comme elle opposait une résistance, elle a été tout simplement abattue par balles.

L’inquiétude s’est emparée de la population de cette localité, car ce n’est pas le premier crime en date. Kiwanja vit aujourd’hui dans la peur. Il en est de même des villages de Kirumba, de la route Butembo-Goma-Butembo-Beni, de Manguradjipa, Kamango, Boga, et nous en passons. Toujours, à en croire les mêmes rumeurs, après le 30 juin, les hommes armés auraient décidé de reprendre le sentier de la guerre.

A la fin du mois d’avril, des hommes armés ont attaqué le centre d’instruction de Nyaleke, symbole du pouvoir militaire. Ils ont tué, blessé, pillé et brûlé des maisons. Selon des rumeurs de plus en plus concordantes, des hommes en uniforme seraient à la base de cette situation et leur attitude s’expliquerait par le fait qu’ils accuseraient des mois de non paiement.

Au moment où l’insécurité grandit, même à Kinshasa avec l’assassinat dernièrement d’un homme d’affaires à Kintambo, des enseignants des écoles de Kamina, une dizaine, attendent leurs salaires qui auraient pris une destination inconnue. Ne parlons pas de « opération retour » de plus en plus à la mode.

C’est le moment choisi par les députés provinciaux de l’Ituri de se signaler. Ils ont décidé d’ériger leur district en province à partir du 15 mai. Car selon la Constitution et conformément aux articles 2 et 226, la République démocratique du Congo devra compter 26 provinces. Le 14 mai, les 36 mois retenus par la Constitution auront expiré.

Ces faits pris à la volée parlent d’eux-mêmes de l’état de la Nation. Certes, des efforts importants ont été accomplis. Le président de la République n’a pas manqué de le souligner dans son discours du 6 décembre 2009. Cependant, les « 5 fléaux » qu’il a dénoncés dans son précédent discours persistent. A savoir, l’intolérance, la concussion, la gabegie financière, la corruption et le clientélisme. Ils ont la peau dure qu’à la fin du premier trimestre 2010, le pays est en train de courir un danger susceptible de le pousser vers la déroute si jamais la situation n’est pas maîtrisée maintenant.

DES ANTI-VALEURS

Iturigate est une question pertinente. Certes, la manière dont elle est présentée n’est rien d’autre qu’un acte de rébellion si elle est consommée. Car la loi n’autorise à aucun député de déclarer unilatéralement la création d’une province. Mais le Parlement et le Gouvernement sont placés devant leurs responsabilités. En plus, dès lors que l’on se permet une telle attitude qui risque de faire des émules, c’est que quelque part, dans la gestion de l’Etat, il y a des insuffisances.

D’ailleurs, le fait de minimiser et de banaliser certaines critiques, de rejeter quelques rapports, demeure une manifestation de l’autosuffisance, de l’autosatisfaction, un germe d’auto-destruction.

Que des députés du Sud-Kivu disent clairement qu’ils sont frustrés, quand bien même ce point de vue ne serait pas unanimement partagé, les problèmes posés mettent une fois de plus à nu des insuffisances dans la gestion de l’affaire de l’Etat. Pour preuve, les parlementaires de l’Equateur ont abondé dans le même sens pour relever qu’ils étaient également frustrés.

Le phénomène prend une autre dimension lorsque l’on aborde le chapitre de l’enrichissement sans mesure. Un coup d’œil dans la ville de Kinshasa pourrait facilement vous édifier. Des constructions opulentes poussent comme des champignons.

Comment expliquer une telle situation dans un pays disposant d’une économie soutenue par des béquilles ? Y a-t-il un réseau de maffieux qui ont trouvé une terre fertile en République démocratique du Congo ? La tendance serait de répondre par l’affirmative à cette interrogation tant que l’Etat se tait et « laisse faire ». Aucun contrôle pour connaître les sources crédibles de cet enrichissement illicite.

Bien sûr qu’il y a l’opération « Tolérance zéro ». Elle ne concerne que les « Kuluna » pendant qu’on tergiverse à nettoyer les Ecuries d’Augias ou les marigots pour neutraliser les « gros caïmans ». Et pourtant, la revisitation des contrats miniers aurait permis d’user de la « tolérance zéro ». Hélas ! L’on a raté une occasion en or pour donner des signaux forts aux partenaires sur l’amélioration du climat des affaires.

DE LA GESTION POLITIQUE

L’image exacte de la gestion politique est celle que nous renvoient l’Assemblée nationale et le Sénat. Grâce à un travail remarquable que les parlementaires abattent, la population suit, mais avec beaucoup d’inquiétude, la gestion des affaires du pays.

La preuve la plus élégante est cette pluie de questions orales avec débat adressées à la plupart des membres du gouvernement, le Premier ministre y compris. Certes, certains d’entre eux ont rencontré les préoccupations de la représentation nationale. Mais en réalité, la gestion politique soulève de nombreuses interrogations et projette une image floue de l’avenir de ce pays.

Pour ne parler que du point d’achèvement, c’est devenu un slogan. L’on donne l’impression que l’atteinte du point d’achèvement, c’est la panacée et que tout irait comme sur des roulettes. Tous les membres du gouvernement ne jurent que par le point d’achèvement dont le peuple a d’ailleurs difficile à connaître les contours de ce concept.

Le point d’achèvement n’est nullement une politique pour que l’on ne jure que par cette étape afin de prétendre reconstruire ce pays. Non. La reconstruction de ce pays est tributaire de la capacité du gouvernement à remettre la population au travail, à adhérer aux décisions du gouvernement, à enrayer la corruption qui a pris des proportions inquiétantes, à s’en tenir au respect strict des textes pour ne pas les violer, à éradiquer le tribalisme et le régionalisme.

Certes, si l’on prend les derniers relevés économiques, on fait état d’un excédent dans le compte de l’Etat, plus ou moins 140 milliards de Fc, et d’un déficit de près de 40 milliards de francs congolais par mois au niveau de la Banque centrale. Mais selon les instructions formelles du FMI, apprent-on, le gouvernement ne peut toucher à cet excédent sans son autorisation. Question d’éviter tout dérapage des finances publiques au regard des faits antérieurs.

Autre fait qui inquiète, c’est la manière dont la Majorité et l’Opposition conçoivent la « gestion politique ». Pour parler de la Majorité, elle a levé comme option d’accorder « sa bénédiction au gouvernement à tout et lui assure un soutien inconditionnel ».

Cette approche précipite le pays dans le gouffre et rend inefficace le rôle de l’Assemblée nationale et du Sénat. Dès lors qu’aucune sanction n’est brandie contre les membres du gouvernement, au nom de la coalition, à quoi servent les contrôles parlementaires ? La réponse réside dans l’attitude du gouvernement de ne point prendre en considération les recommandations de deux chambres du Parlement. Partant, toute motion de censure ne serait qu’un feu de paille.

Enfin, le drame aujourd’hui en RDC, c’est l’existence des structures parallèles aux institutions nationales, de plusieurs centres de décisions. La question de l’existence du « Gouvernement parallèle » a refait surface lors de la question orale avec débat du député Jean-Lucien Bussa.

Il est temps que l’on s’impose une réflexion profonde pour éviter l’impasse. Mieux, la déroute.

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