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SE BATTRE JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE POUR LA LIBERATION DU KONGO
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8 juillet 2010

Affaire Chebeya : Il faut "sauver" le policier Amisi Mugangu

Affaire Chebeya : Il faut "sauver" le policier Amisi Mugangu



John Numbi Banza Tambo, inspecteur général "suspendu" de la police nationale. Photo d’archives

Commissaire adjoint à la police nationale congolaise, Amisi Mugangu est le patronyme de ce «policier fugitif» qui affirme la main sur le coeur avoir participé le 1er juin dernier à l’exécution de Floribert Chebeya Bahizire, directeur exécutif de l’association de défense des droits de l’Homme «La Voix des Sans Voix». Après des aveux faits à Kinshasa à une équipe d’enquêteurs du Conseil national de sécurité que dirige Pierre Lumbi, l’homme avait trouvé refuge en Ouganda et se proposait de rejoindre un pays voisin. Il n’a plus donné de ses nouvelles depuis samedi 26 juin.

Depuis bientôt deux semaines, le «policier fugitif» est aux «abonnés absents». Un comportement surprenant de la part d’un individu qui avait pris l’habitude d’appeler ses quelques correspondants pour dire : «Je vais bien!». Une manière sans doute de se rassurer. Le policier se disait «traquer» par les sicaires du pouvoir kabiliste. Il lui était reproché d’avoir, via le courrier électronique, pris langue avec des diplomates en poste à Kinshasa afin de faire des révélations sur l’affaire Chebeya. Selon les propres dires du «flic», il aurait reçu des menaces verbales de la part de colonel Daniel Mukalay, son ancien chef hiérarchique. Comme pour certifier ses propos, il divulgue les coordonnées téléphoniques de celui qu’il appelle tout simplement «le colonel Daniel» (+243999924166 ; + 243812399803). L’inspecteur général de la police nationale, le très redouté John Numbi Banza Tambo, aurait fait de même en lui promettant des bosses et surtout des plaies. «J’ai beaucoup d’amis en Ouganda», lui aurait-il dit lors d’un ultime contact téléphonique.

En tous cas la présence d’Elie Lungumbu, un agent de l’ANR (Sûreté), proche de Zoé Kabila, avait été signalée, mi-juin, dans la capitale ougandaise. C’est ainsi que le "policier fugitif" prit la décision de quitter Kampala pour une nouvelle «planque» dans l’arrière-pays. Qu’est-il arrivé au commissaire adjoint Amisi Mugangu? A-t-il été arrêté par les autorités ougandaises? Si oui, pourquoi? Dans le cas contraire, aurait-il été victime d’un accident de la route ou simplement «rattrapé» par des hommes de mains de Daniel Mukalay et John Numbi? Amisi avait promis de faire des «révélations» dès qu’il aurait mis les pieds sur une "terre plus sécurisante". En attendant de connaître le sort réservé à ce citoyen congolais, c’est le lieu de rappeler sa «part de vérité» sur les circonstances de la mort de Floribert Chebeya et de la disparition de Fidèle Bazana Edadi, chauffeur et membre de la «VSV».

"Service commandé"

C’est le jeudi 16 juin dernier que la rédaction de Congoindependant a pu joindre au téléphone le «fugitif». Un natif du Maniema. «Je suis le seul officier qui a échappé à la prison et qui a assisté et voire participé à l’assassinat des deux activistes de la Voix des sans Voix». Il faisait partie d’une équipe de cinq personnes. «Nous n’avons fait qu’exécuter l’ordre donné par le colonel Daniel Mukalay qui lui-même a été instruit par l’inspecteur général John Numbi. Nous étions en service commandé, répètait-il inlassablement". Et de raconter sa version des faits : «Le 31 mai, un certain lundi, vers 10 heures, l’inspecteur général de la police nationale (IG), en personne, invite le «colonel Daniel» dans son bureau, le protocole de l’IG peut en témoigner. Au retour du bureau de l’IG, le colonel nous réunit. A savoir, un major (inspecteur adjoint), un capitaine (commissaire principal); deux lieutenants (commissaires) et nous les commissaires adjoints. Il nous a dit ceci : «Sur ordre du général John Numbi et de la hiérarchie, vous devez en finir avec le fameux Floribert Chebeya de la Voix des Sans Voix sans laisser des traces. L’IG {Inspecteur général} attend une «suite favorable» pour demain.» Pourquoi Chebeya? "Il dérangeait le pouvoir de notre président".

Mardi 1er juin, Floribert Chebeya reçoit un coup de fil. Un certain «Michel» lui fait savoir qu’il était attendu à 17h30 au bureau de l’inspecteur général de la police. «Floribert» s’y rend en compagnie de son chauffeur Fidèle Bazana Edadi. La suite est connue. Le corps sans vie du directeur exécutif de la «VSV» est retrouvé le lendemain au quartier Mitendi sur la Route de Matadi. A en croire le commissaire adjoint Amisi Mugangu, le corps de Fidèle Bazana aurait été immergé dans le fleuve Congo au niveau de Kinsuka. «Après l’arrestation du «colonel Daniel» et de certains de mes collègues, je suis entré en clandestinité. Je me suis présenté par la suite à la résidence de l’inspecteur général John Numbi qui m’a remis une somme de mille dollars en me conseillant de «disparaître». Cet argent m’a permis de voyager. L’inspecteur général avait promis de m’aider via notre ambassade à Kampala. J’ai trouvé porte close tant auprès de l’ambassadeur Jean-Charles Okoto que de son conseiller le colonel Marcel Mbangu. Personne n’a pas voulu me prendre au téléphone. J’ai compris que quelqu’un voulait me sacrifier alors que je détiens un secret d’Etat.»

"Sauver" le policier Amisi Mugangu

Lors d’un ultime contact téléphonique avec la rédaction de Congoindependant, vendredi 25 juin, le policier décida de dévoiler son identité avant de dire : «Je n’ai rien contre le président Joseph Kabila. Toutefois, je tiens à vous dire que le colonel Daniel Mukalay n’avait aucun compte personnel à règler avec Chebeya. John Numbi non plus. L’ordre d’éliminer "Floribert" a été donnée par la haute hiérarchie. Il n’y en a pas deux dans notre pays. Chebeya est mort par étouffement.»

On apprenait mardi 6 juillet que Dolly Ibefo Mbunga, directeur exécutif intérimaire de «La Voix des Sans Voix» a été convoqué à l’auditorat militaire chargé de mener les investigations sur l’assassinat de Chebeya. Un mois après cette disparition tragique, la justice congolaise continue à entretenir un flou artistique. Face aux louvoiements de la justice congolaise, la rédaction de Congoindependant a mobilisé ses «correspondants» à travers la RD Congo afin de mener une «enquête parallèle» sur cet épineux dossier. Un dossier qui ne sera fermé que lorsque les auteurs et les commanditaires de ce crime odieux seront démasqués et sanctionnés. Il faut, pour ce faire, commencer par «sauver» le policier Amisi Mugangu…

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