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SE BATTRE JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE POUR LA LIBERATION DU KONGO
SE BATTRE  JUSQU'AU DERNIER SOUFFLE POUR LA LIBERATION DU KONGO
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30 décembre 2013

LUTALA K. FRANÇOISE DeuxiemePartie (Chapitre 7 : Le couvent)

Chapitre 7 : Le monde satanique sous-marin
Le maître expédia les affaires en cours et confia la direction de sa maison à l’un de ses adjoints. Peu après,
nous nous rendîmes dans la forêt, loin de toute habitation.
Après avoir parcouru plusieurs kilomètres à pied, nous étions exténués. Il y avait dans les parages un
« nganda!’ (sorte de camping où les chasseurs de passage peuvent se reposer). Après m’avoir déshabillée, le
maître me fit revêtir un vêtement de raphia et de feuilles d’arbre. Nous restâmes là deux jours sans prendre
aucune nourriture. Le troisième jour, il me coloria d’une peinture à base de chaux, de différentes couleurs, à
la manière des prêtresses spirites consultées pour la divination, et qui exécutent leur rite en invoquant des
esprits sataniques.
Un peu affaiblis, nous nous traînâmes jusqu’à la rivière qui coulait dans les parages. Il y avait une pirogue
flottant sur l’eau, et retenue à la berge au moyen d’une corde. Il délia la corde et, après avoir un peu poussé
la pirogue dans le lit de la rivière, nous primes place à bord.
Nous suivîmes le courant d’eau, et atteignîmes un endroit où le courant était très fort, et l’eau très profonde,
à en juger par la vitesse des vagues qui s’y formaient, ainsi que des tourbillons qu’il y avait à cet endroit. A
m’on grand étonnement, le maître arrêta la pirogue à cet endroit précis et, le plus simplement du monde,
m’invita à plonger.
Voici le moment tant attendu où tu dois maintenant faire preuve de ton courage. Jette toi à l’eau!
Pardon?
Je te dis de te jeter à l’eau!
Bien qu’à jeun et affaiblie, j’avais tout de même gardé assez de lucidité pour détecter le danger.
Jette toi à l’eau le premier, et J’irai ensuite. Nous avons été ensemble jusqu’à présent. Comment peux tu
imaginer que tu vas te débarrasser aussi facilement de moi?
Trêve de bavardages! Nous avons atteint un point de non retour. L’heure n’est pas aux vaines discussions.
Plonge, je te l’ordonne. Le temps passe, et tu es attendue.
Mais c’est un suicide! Je ne sais pas nager! Si tu tiens à ce que je plonge, déplace au moins la pirogue!
Cherchons un endroit où l’eau est moins profonde et moins agitée qu’ici. Sans cela, je ne Plongerai jamais!
Ou alors, plonge le premier, et je te suis!
Tu ne sais pas de quoi tu parles, petite fille! Point où nous en sommes, il nous est pratiquent impossible de
faire marche arrière. Si j’accepta proposition, ce serait pour moi signer notre de mort! Nous sommes
attendus! Tu ne le sais peut être pas, mais tu es en train de gâcher toutes ta chances de guérison!
Ma guérison se trouve dans l’eau? Non, je ne veux pas. Si tu veux, plonge le premier!
Le monde satanique sous marin
Se voyant dans l’impossibilité de me convaincre, le maître eut recours à une ruse, à l’image de son propre
maître, Satan. Il fixa un point derrière moi et resta calme, comme s’il voulait indirectement attirer mon
attention sur quelque chose. Je relâchai aussitôt ma méfiance pour observer ce qui se passait derrière mon
dos. Profitant de ces quelques secondes, le maître me précipita dans la rivière. « C’était une ruse pour
m’avoir! » me dis je en m’enfonçant comme une pierre dans les profondeurs de l’eau.
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Le contact de l’eau sur mon corps me fit un choc, mais, en dehors de cela, je ne ressentis plus rien. Je fus
tout de même surprise de constater que mon corps ne se mouillait pas, et que je pouvais respirer tout à fait
librement!
Dans l’antre du diable
La peur de la mort par noyade fit place à un grand étonnement. L’unique sensation bizarre que j’éprouvai
ressemblait à ce que l’on ressent dans un avion qui traverse une zone de trous d’air. Cela dura quelque
temps. Mes yeux étaient grand ouverts, mais je me trouvais dans une obscurité complète. Puis je perdis
connaissance.
Lorsque je revins à moi, il me semblait que l’on me palpait, comme si l’on me réanimait. Lorsque j’eus
recouvré tous mes sens, on me déplaça de l’endroit où je me trouvais, et je me trouvai dans une salle très
propre, où il faisait grand jour. La population de ce lieu était en grande partie constituée de femmes. J’étais
accompagnée par l’une d’elles, qui me servait de guide, et qui m’expliqua que ces femmes étaient en réalité
celles que les hommes appellent les « sirènes. » Elles ne mettent leur queue que lorsqu’elles veulent sortir.
Cette queue est identique à la queue d’un grand poisson.
Enhardie par la courtoisie de mon guide, je lui mandai:
N’y a t il pas d’hommes ici?
Si, si! Nous avons nos maris, mais ils ne sont pas comme les vôtres. Ici, chaque homme possède une
vingtaine de femmes au moins. Ce n’est pas de la polygamie, parce qu’ici, ce n’est pas l’homme qui choisit
sa femme, mais plutôt la femme.
Mon guide me montra les « maris » en question. C’étaient des géants, des colosses. Chacun d’eux pouvait
atteindre une taille de sept à douze mètres. L’un d’eux s’approcha de moi et m’examina comme un
anthropologue examine un sujet à étudier. Il me souleva de terre d’une seule main et commença son
examen.
Nous arrivâmes chez les supérieurs, qui nous attendaient. On me présenta une place, et mon guide se
retira. Celui qui semblait être le plus gradé m’adressa ces paroles:
Le Grand Chef éprouve pour toi une grande affection. Il a commencé à s’intéresser à toi depuis le temps où,
sans le savoir, tu as signé ton premier pacte avec lui, en acceptant le repas de ta grand mère. Depuis lors, il
te suit partout. C’est lui qui t’a envoyée chercher. Enfin, te voici parmi nous, et, dans quelques Instants, tu
pourras avoir un tête à tête avec lui. Dis toi bien que tu es privilégiée. Beaucoup ont désiré faire cette
rencontre, mais ont perdu leur vie sans y parvenir! Quant à toi, il te suffira de faire une toute petite chose de
rien du tout pour le voir tel qu’il est. Il suffit que tu exprimes ton désir de le rencontrer, en signant un nouveau
pacte, mais volontairement cette fois. De la sorte, nous verrons tous que tu ne pourras plus nous nuire ni
nous fausser compagnie à l’avenir. Le pacte consiste en ceci: tu devras partager un repas avec nous. Par ce
moyen, tu accepteras de nous donner ton père. Ce n’est qu’ensuite que tu pourras voir le Prince.
Que vient faire mon père dans tout cela? Je ne tuerai jamais personne, ni mon père, à plus forte raison! Si je
suis arrivée jusqu’ici, c’est pour des raisons que vous connaissez bien!
Mais ce n’est qu’un simple signe de soumission au Prince, un signe d’obéissance et de fidélité. Le sang de
ton père témoignera contre toi le jour où tu voudrais nous fausser compagnie. Sais-tu qu’un pacte conclu au
moyen du sang a plus de valeur aux yeux du Grand Prince? Et si tu donnes le sang de ton père, quel signe
de dévouement, d’attachement et d’amour pour le Maître! Nous avons choisi ton père, car nous avons pensé
que c’est lui qui convenait le mieux, entre ton mari, tes quatre enfants, ta mère ou ton père. Si tu n’es pas de
cet avis, tu as encore le temps de nous indiquer, sur cette liste, qui tu veux sacrifier. Mais plus la personne
sacrifiée vous est chère, plus la valeur du pacte est grande.
-Non!
-Réfléchis, petite fille. Ne tiens pas compte de ce que tu crois, ni de ton état actuel. Tu auras une beauté
bien plus grande que celle que tu avais dans ta jeunesse! Tu deviendras très belle et très riche! Parlons de
la richesse qui t’attend: tu auras toute une chaîne de magasins et de bijouteries ma vie ne compte pas.
Mettez-vous un peu à ma place: qu’est ce que je perdrais, si je mourais maintenant?
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Mais, chère madame, le Grand Prince ne te veut que du bien! Son souhait est que tu sois heureuse! Il a
remarqué ton courage et veut faire de toi une, grande reine de l’Afrique Noire! Tu es la seule à avoir pu
mériter son admiration. Montre-toi digne d’une telle estime de la part de notre Grand Prince! Fais un petit
geste, et tout changera positivement pour toi!
Devant un langage aussi séducteur, je fus sur le point d’oublier le caractère atroce de l’acte qui m’était
demandé, ainsi que ses conséquences. Mais, après réflexion, je ne découvris rien qui me permettrait de
condamner mon père.
Quels services devrais-je encore rendre, pour mériter tant d’éloges?
Rien, absolument rien! En revanche, toi, tu recevras de grandes richesses. Ne te l’ai-je pas dit au début? Tu
deviendras réellement une reine enviée de tous. Le Grand Prince a juré de te faire un nom dans la bijouterie
africaine. C’est par le moyen de ce grand commerce de bijoux que tu le serviras et que tu lui permettras
d’obtenir continuellement du sang humain et des âmes
C’est impossible! Je ne peux collaborer avec vous! Combien de fois faudra t il vous dire que j’ai horreur du
sang! Je ne peux pas tuer, et je ne tuerai personnel Tuez moi plutôt, car je ne tuerai ni mon père, ni aucune
autre personne figurant sur votre liste.
Ne te fâche pas! Qui t’a parlé de tuer? A vrai dire, tu ne tueras personne! Accepte seulement de manger
avec nous, accepte que ces bijouteries fonctionnent en ton nom, et c’est tout! Tes clients seront poussés par
la convoitise. Ils viendront eux-mêmes acheter très cher tes bijoux dans tes magasins. Sur le plan de la
qualité, nos produits sont les meilleurs. La plupart de tes clients deviendront nos victimes. En effet, ces
bijoux, grâce à d’innombrables incantations compliquées, contiennent des esprits Inférieurs condamnés à
nous servir. Quand un client achètera un bijou, c’est en réalité un esprit qu’il achètera. Une fois dans leur
maison, cet esprit sera capable de soutirer pendant la nuit le sang des occupants de la maison, surtout celui
des petits enfants. Il pourra aussi perturber l’équilibre du foyer en semant un climat de mésentente entre les
conjoints, sans jamais être inquiété. Tout le monde sait qu’un foyer où il y a de la mésentente est un terrain
propice à nos exploits. Cet esprit pourra aussi voler de l’argent, et semer un climat de méfiance entre les
conjoints.
Je ne peux pas vous donner mon accord tout de suite. Donnez-moi plutôt un temps de réflexion.
Je fis cette demande pour avoir un moment de répit, car j’en avais assez!
Tu as tout ton temps! Réfléchis, et tu verras que tu risques de gâter tes chances pour de simples futilités!
Car après tout, ton père finira bien par mourir un jour, de toute façon! Avec ou sans ton concours, il finira par
mourir!
Mon interlocuteur me conduisit dans une sorte de couloir qui déboucha sur une salle. Compte tenu du
mobilier, je me dis qu’il devait s’agir d’une salle de cours. Quelqu’un se tenait au tableau. Je lui fus confiée, il
s’approcha de moi, très sûr de lui. Il agissait comme un professeur devant un nouvel étudiant. Sans
protocole ni préambule, il me dit: si tu veut t’élever au sein de notre hiérarchie, il est de mon devoir de te
révéler ne serait-ce que les éléments de société, et l’extension de base des rouages de notre nos pouvoirs.
Après qu’il m’eut instruit sur toutes ces choses, il me remit une sorte de lentille que je dus placer sur mes
yeux. Il fit défiler devant moi sur un écran des personnes portant des insignes ou des figurines, sur le visage
ou sur la poitrine. Parmi ces insignes, il y avait par exemple le pentacle, étoile à cinq branches utilisée par
les occultistes dans leurs incantations.
Chaque dessin représentait une certaine espèce d’esprits. Ils étaient différenciés par leurs couleurs, qui
couvraient tout le spectre.
Mon instructeur me montra sur l’écran un homme portant une couronne noire sur la poitrine. Il me dit que
C’était un sorcier: « La couleur nous indique qu’il en est encore à ses débuts. Nous n’enregistrons pas toutes
les couleurs, en particulier le blanc, le rouge et le jaune. Nous utilisons à la place leurs dérivés. Tu vois cet
homme qui a un anneau bleuâtre sur la bouche? C’est un voleur, doublé d’un menteur, dont la couleur est le
bleu sombre. Un féticheur est identifié par un triangle isocèle renversé. Un impudique porte un cercle rose
autour de la poitrine. »
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L’ivresse, quelque soit le produit qui l’avait provoquée, bière, alcool, chanvre ou drogue, était caractérisée
par la même couleur.
A mesure que les images défilaient sur l’écran, je remarquai que mon interlocuteur en laissait passer
certaines sans donner aucune explication. La particularité de ces gens était qu’ils étaient tous en dessin ni
figure géométrique de couleur variée.
Plus tard, je compris que ces personnes entourées de feu étaient des chrétiens régénérés. Le diable ne
pouvait rien faire contre eux directement. Je le dis en connaissance de cause.
La séance de cours terminée, mon instructeur me remit aux bons soins de celui qui m’avait amenée chez lui.
Quand il me vit, ce dernier insista beaucoup pour que je sacrifie mon père. Je lui exprimai mon désaccord en
restant dans un silence de marbre! Ceci énerva mon interlocuteur. Il se fâcha, et donna l’ordre qu’on me
persuade d’accepter. Deux autres personnes me conduisirent dans un endroit très différent des Précédents.
Ils me dirent: – Le Grand Prince éprouve pour toi une grande estime. Il ne veut pas te contraindre à accepter
de le servir. Compte tenu des qualités qui sont en toi, il désire que tu acceptes de le servir de ton propre gré.
Fais Preuve d’intelligence, et Profite de l’occasion qui t’est offerte maintenant. N’oublie pas que même si tu
persistes à refuser, il t’est impossible de nous fausser compagnie maintenant que tu as pris connaissance
des éléments de base de notre organisation. Tu es des nôtres!
-Que mon Père meure de sa mort naturelle, car je ne le tuerai pas. Quant à moi et à ce qui pourrait m’arriver,
je m’en moque éperdument!
- Tu ne mourras pas. Si nous avions voulu t’éliminer, nous aurions eu plusieurs occasions de le faire, à
cause de l’affection que le Grand Prince éprouve Pour toi. Sinon, tu serais morte le jour où les deux esprits
qui te servaient en ont eu assez et ont réclamé leur liberté! Tu seras morte, les jours où les esprits qui te
servaient en ont eu assez et ont réclamé leur liberté! Tu serais morte aussi le jour où tu as décidé de quitter
les cimetières! Le Grand prince estime que tu lui sera utile vivante que morte. C’est pour cela que tu as
gardé la vie. Sans cela, nous n’en serions pas là!
L’homme se retourna pour me montrer deux hommes blancs. Il me demanda si je les connaissais. Comme
je ne répondais pas, il me dit que c’étaient ceux-là qui m’avaient servie depuis l’âge de huit ans.
- Ils t’ont suivie partout où tu es allée. Actuellement, il y en a cinquante-deux comme eux qui sont à ton
service. Voici enfin venu le temps où tu peux les voir et les admirer! Trop longtemps, tu n’as entendu que
leurs voix! Je vis alors les cinquante-deux personnages. Chacun surgit en répondant « Présent! » à l’appel qui
fut fait devant moi.
- Si tu donnes ton consentement, tu seras princesse, et des milliers te serviront!
Accompagnée de tous mes suiveurs, je fus reconduite à mon premier interlocuteur. Comme s’il avait assisté
à notre conversation, il me dit :
- Tu as de la chance d’être encore vivante après un tel affront! Je ne vois pas ce que le Grand prince trouve
de spécial en toi! Tu retourneras donc chez toi. Cependant, nous ferons en sorte que tu respectes nos
exigences.
Sans plus mot dire, il me raccompagna à l’endroit par où j’étais entrée chez eux, dans le monde spirituel
sous-marin. Au moment où nous atteignîmes notre objectif, on m’interpella et on me remit un objet de forme
arrondie, transparent, qui mesurait environ 16 centimètres de diamètre. Je demandai ce que c’était et à quoi
cela servait, mais on me répondit de poser ces questions à celui qui m’avait amenée ici.
Je pris l’objet, en espérant qu’il représentait la solution à mon problème, et que cela pourrait être un
médicament ou un moyen de recouvrer la santé. Sous l’eau, mon corps ne me faisait pas mal, mais toutes
les déformations provoquées par la maladie étaient toujours visibles. Rien n’avait encore été fait pour ma
guérison.
Dans « l’engin » qui me remontait, J’éprouvai à nouveau les mêmes sensations que pendant ma descente,
mais dans un ordre inverse. Une fois à la surface, mes mains saisirent le bord de la pirogue, me permettant
ainsi d’émerger de l’eau. Je respirai une bouffée d’air frais dans mes poumons, ce qui me procura un bienêtre
intense. J’étais revenue à la réalité, à l’air libre!
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Le magicien se tenait debout dans la pirogue. Il m’aida à m’installer à bord. Tournant mon regard de gauche
à droite, je conclus que mon absence n’avait duré que quelques minutes. En dehors d’une personne assise
sur la berge, rien n’avait changé. A mesure que la pirogue s’approchait de la berge, je réalisai que la
personne sur la berge n’était autre que mon mari, Jean! C’était le dernier que je m’attendais à trouver à cet
endroit! Mais, au lieu de me frustrer, la présence de mon mari me revigora.
J’eus du mal à conserver mon calme! La solitude et les derniers événements avaient suscité en moi le
besoin d’être en présence d’une personne chère. Toute joyeuse, je courus me jeter dans ses bras.
M’appuyant sur son épaule, je perdis courage et me mis à pleurer. Jean demeura de marbre, sans un mot
de consolation ni un regard vers moi. Il se tourna vers le magicien et lui dit:
- S’agit-il d’une revenante ou de ma chère épouse?
- C’est bien ta femme! Il doit y avoir quelques secrets entre vous, non? C’est le moment ou jamais de le
savoir!
- Ce n’est pas la peine, ma femme ne peut pas vivre sous l’eau! Qui peut vivre sous l’eau?
Comprenant l’enjeu, je me dis qu’il était grand temps que j’intervienne.
- C’est bien moi, Jean! Souviens-toi, le jour où nous nous sommes rencontrés, de la première parole que tu
m’as dite!
Je lui rappelai alors nos souvenirs communs. Ces paroles semblèrent apaiser Jean, dans une toute petite
mesure. Mais que s’était-il passé pour que mon mari se trouve ici? Les incantations n’avaient-elles pas agi?
Le magicien m’avait-il menti, ou avait-il pris peur après mon plongeon, pour aller prévenir mon mari?
Sur le chemin du retour, Jean m’expliqua que le magicien était venu le trouver la veille, en lui disant que
j’avais besoin de lui. Il poursuivit:
- Je ne pouvais douter de ses paroles, car tu ne m’avais rien dit de ta destination. Je l’ai suivi sans
hésitation, craignant qu’il ne te soit arrivé quelque chose d’irréparable. Depuis que je me suis assis à la place
où tu m’as trouvé, je n’ai fait que regarder l’endroit où il m’avait montré que tu étais tombée.
- Je t’expliquerai tout en détail. Sois patient, et tu sauras d’où je viens.
Je me rendis compte que j’étais restée sous l’eau trois jours et deux nuits! Etait-ce possible? Etait-ce le
magicien qui était allé trouver mon mari? Seul le maître pouvait répondre à toutes ces questions. Me
souvenant enfin de la présence de ce dernier, je lui demandai à quoi pouvait servir l’objet en forme de boule.
Voyant la boule, sans me répondre, le maître se prosterna à trois reprises, sans souci de la présence de
mon mari. Il me dit :
- Madame, grâce à cette boule magique, vous occupez à présent un rang sept fois supérieur au mien. A
partir de maintenant, tous vos désirs seront des ordres. Je ne peux plus rien vous apprendre.
A ces mots, je me sentis comme vidée. Tout espoir de guérison s’écroula comme un château de cartes.
Irritée, je jetai la boule à terre. Elle se brisa en mille morceaux. Le maître était stupéfait.
- Pourquoi, madame, avez-vous agi de la sorte?
Effrayé des conséquences que je pouvais subir pour avoir détruit la boule magique, le maître s’enfuit. Je ne
l’ai plus revu depuis ce jour.
Appuyée sur l’épaule de mon mari, je me mis à sangloter et à pleurer sur mon sort. Mon mari ne me posa
aucune question. Il compatissait sincèrement à ma peine. Fatigués et chargés, nous nous acheminâmes
lentement vers notre domicile.
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